Changer le monde, sans compromis
LETTRE DE NOTRE PDG. Au Québec, nous avons le sens de la collectivité. Ça ne date pas d’hier qu’on veuille que notre argent nous profite à nous-mêmes et qu’il profite également au monde dans lequel on vit. C’est encore plus vrai maintenant que nous sommes face à la crise causée par la COVID-19, qui accentue des besoins sociaux et économiques, et à la crise environnementale, qui est déjà amorcée. En toile de fond, cependant, il restait cette crainte qu’investir en pensant au bien commun oblige à renoncer à maximiser son propre bien-être financier. Or, il est de plus en plus clair qu’il n’en est rien.
Depuis qu’il a débuté ses activités, le 24 janvier 1996, Fondaction est un précurseur en finance durable. Dès le départ, le Fonds a intégré des critères ESG (environnement, société, gouvernance) pour éviter les pollueurs, les mauvais employeurs et les produits dangereux. Rapidement, il a ajouté la recherche d’un rendement global, qui soit autant sur le plan financier que sur les plans économique, social et environnemental. Aujourd’hui, Fondaction va encore plus loin, en investissant avec une intention d’impact positif dès le début.
Fondaction gère un actif de 2,6 milliards de dollars. Ses investissements sont alignés sur les objectifs de développement durable de l’ONU et il est le premier investisseur institutionnel à avoir créé une équipe consacrée à l’investissement d’impact. Sa mission est plus pertinente que jamais. Plus nécessaire que jamais, aussi.
Une réelle transformation
L’écart entre les riches et les pauvres s’élargit et, pour plusieurs, l’ascenseur social est en panne. Le sexisme, le racisme et les autres formes de discrimination nous divisent et nous privent du plein potentiel de millions de personnes. Les manifestations des changements climatiques se multiplient, même sous nos latitudes. Le modèle économique jusqu’ici dominant, fondé sur la croissance continue et la vision à court terme, se révèle insoutenable. L’innovation devient une nécessité.
Face à ces enjeux, pas question de renoncer. Il faut passer à l’action. L’économie va devoir se transformer profondément pour pouvoir répondre aux besoins des personnes en respectant les limites de la planète. C’est à cette transformation de l’économie que nous travaillons.
Nos leviers, ce sont le capital, l’accompagnement, et l’innovation financière. S’il manque des solutions, nous sommes prêts à les créer, comme nous sommes déjà en train de le faire pour appuyer par exemple l’économie circulaire, l’efficacité énergétique, et la revitalisation de territoires industriels.
Notre force, ce sont toutes les personnes qui se mobilisent avec nous pour la transformation positive de notre monde. Fondaction est né il y a 25 ans du grand mouvement de la CSN, qui a osé imaginer un fonds de travailleurs axé sur le développement durable, bien avant que celui-ci ne devienne à la mode.
À l’occasion de notre 25e anniversaire, je veux aujourd’hui saluer l’engagement des dizaines de milliers d’actionnaires qui nous confient leur épargne-retraite; des centaines d’entrepreneurs qui visent un succès durable avec nous; des milliers d’employeurs qui bonifient la rémunération de leurs employés avec nos solutions d’épargne; et des centaines de Responsables Fondaction, ces militants qui font connaitre Fondaction à leurs collègues dans leur milieu de travail et qui gardent nos racines syndicales bien vivantes.
Grâce à toutes ces personnes, nous investirons 1 G$ au cours des 3 à 5 prochaines années dans des entreprises qui contribuent concrètement à transformer l’économie, pour la rendre plus équitable, plus inclusive, plus verte et plus performante.
Une nouvelle définition du succès
S’il n’est pas question de faire de compromis sur les cibles, il n’est pas non plus question d’en faire sur les résultats. Les chiffres parlent. On le voit dans la performance des portefeuilles ESG sur les marchés financiers cette année, qui battent les indices. Nous le voyons aussi avec la performance de notre portefeuille d’investissement direct en entreprise : il génère du rendement financier non pas malgré nos préoccupations sociales et environnementales, mais parce que nous avons ces préoccupations.
Viser des impacts positifs augmente la résilience et donc la performance durable. Une organisation qui néglige de s’en préoccuper met à risque son rendement financier. Les grands investisseurs d’ici et d’ailleurs l’ont compris et exigent des stratégies d’investissement plus durables, car ils s’attendent désormais à un meilleur rendement de la part de ce type d’investissements. Le succès social et environnemental devient une condition au succès financier.
Alors oui, il est possible de soigner son monde et de soigner son portefeuille. On peut tous agir. Chacun dans son propre milieu de travail, dans sa propre communauté, peut faire en sorte que son travail et son argent aient un impact positif. La pandémie a révélé la nécessité de transformer nos manières de vivre, de travailler, de produire. Transformons aussi notre manière d’investir. Accélérons cet élan pendant que nous sommes si nombreux à avoir conscience de cette nécessité.
Par Geneviève Morin
Présidente-directrice générale
de Fondaction