Un air de printemps dans nos espaces urbains
Aménagement côté jardin est une entreprise méconnue du public. Pourtant, vous avez probablement déjà arpenté ses créations. L’entreprise montréalaise a mis son empreinte sur plusieurs projets d’envergure qui font aujourd’hui partie du patrimoine urbain et architectural de la ville.
La renaissance de la rue Sainte-Catherine Ouest porte sa signature, tout comme la revitalisation de l’emblématique Biosphère sur l’île Sainte-Hélène ou encore le réaménagement en cours du Square Viger, situé non loin du CHUM dont l’aménagement paysager et le toit-terrasse est aussi l’oeuvre de l’entreprise. (Note : l’entreprise a réalisé l’aménagement paysager et le toit-terrasse du CHUM et doit réaliser le réaménagement du Square Viger en partenariat avec Pomerleau.)
Pierre Dagenais, cofondateur et pdg d’Aménagement côté jardin, ne prend pas ombrage à ce manque de notoriété auprès de la population. « En autant que notre travail soit reconnu et apprécié des donneurs d’ouvrage », souligne-t-il. N’empêche : les réalisations de l’entreprise, fondée en 1984, font aussi le bonheur d’un grand nombre de citoyens qui, tout comme lui, souhaite l’émergence de villes et de communautés plus durables.
Des projets phares
Le Parc Frédéric-Back, un des projets phares de l’entreprise qui est engagée dans la revitalisation durable du territoire, témoigne de cette métamorphose. L’ancienne carrière Miron de l’arrondissement Saint-Michel, qui fut ensuite convertie en site d’enfouissement, a en effet été transformé en un immense espace vert qui rallie nature et culture. Ce parc, voisin de la Cité des arts du Cirque, où sont installés le siège social du Cirque du Soleil et la TOHU, « a permis de redonner un quartier à des citoyens qui profitent de plus en plus de ce milieu de vie », se réjouit Pierre Dagenais qui œuvre justement pour la réappropriation des espaces urbains par les citoyens.
Le Parc Frédéric-Back
Le nouveau visage du Square Cabot, un parc centenaire situé dans l’ouest de Montréal près de l’ancien Forum, illustre également ce mariage entre la nature et la vie communautaire en plein coeur d’une ville, souligne Pierre Dagenais qui a participé à ce projet de transformation.
Avec ses multiples essences d’arbres, de même que son café et ses œuvres d’art public, cette forêt urbaine miniature offre aujourd’hui un espace de rassemblement plus attrayant et convivial, tout en contribuant au développement d’une vie de quartier de plus en plus prisée par les citoyens et les visiteurs.
Il en va de même du réaménagement de la petite rue Émery, en plein cœur du Quartier latin et devant le cinéma du même nom. L’élargissement du trottoir d’un côté et l’implantation d’une place publique, d’arbres et de végétaux, en fait « un nouveau lieu d’animation que peuvent plus facilement s’accaparer les commerçants et les piétons », explique Pierre Dagenais.
Rue Émery
L’engagement de l’entreprise pour une ville durable se concrétise également dans ses choix de matériaux pour les sols et infrastructures, ainsi que dans la végétalisation de quartiers et de bâtiments.
Un entrepreneur qui se destinait… à l’entomologie
Le chemin de Pierre Dagenais vers l’aménagement urbain est passé par des études en biologie. En fait, « je voulais devenir médecin, mais je n’ai pas été accepté et j’ai décidé de faire un an en biologie avec l’intention de revenir vers la médecine. Mais, entretemps, après avoir travaillé dans un hôpital, j’ai su que ce n’était pas pour moi », reconnait-il.
À la suggestion d’un ami, il choisira plutôt de faire un baccalauréat en agronomie au Collège MacDonald de l’Université McGill, avec une spécialisation en… entomologie ! Il ira ensuite passer quelques mois en Europe et au Moyen-Orient pour étudier la culture hydroponique qui était alors, au début des années 1980, pratiquement inexistante au Québec.
À son retour, il est embauché par W.H. Perron, l’une des plus anciennes compagnies horticoles au Québec. Un an plus tard, en 1984, il décide avec un ami de lancer une entreprise d’aménagement paysager résidentiel, à Boucherville où il habitait. « On avait chacun 1000 $, on s’est acheté un pick-up et on a distribué des dépliants dans les quartiers de la ville », se rappelle-t-il.
Puis, de fil en aiguille, l’entreprise décroche des contrats d’aménagement paysager commerciaux, d’abord pour des stations-service à Montréal. L’aménagement paysager du siège social de SNC-Lavalin, en 1990, pavera la voie à de nombreux autres projets commerciaux d’importance. Comme au nouveau siège social de Bell à l’Île-des-Sœurs ou encore à la Tour Deloitte dans le centre-ville de Montréal, près du Centre Bell.
Depuis 2019, Fondaction accompagne la croissance rapide de l’entreprise. « Nous avons des valeurs communes. Cela a été facile d’échanger et de nous comprendre. Grâce au financement de Fondaction, on va pouvoir continuer à donner une fibre plus verte aux tissus urbains et ainsi aller plus loin dans notre démarche d’harmonisation et d’urbanisme écologique », souligne Pierre Dagenais.
Une ville et des ruelles encore plus durables
Le paysage urbain de Montréal a changé ces dernières années, laissant davantage de place à l’aménagement d’une ville, de quartiers et d’édifices plus durables. Or, malgré ces avancées, il y a encore beaucoup à faire, déplore Pierre Dagenais.
« Il y a de plus en plus d’intérêt et d’efforts faits de la part de la ville et des promoteurs immobiliers pour créer des milieux de vie davantage intégrés avec la nature »
« Il y a de plus en plus d’intérêt et d’efforts faits de la part de la ville et des promoteurs immobiliers pour créer des milieux de vie davantage intégrés avec la nature», constate Pierre Dagenais, qui cite en exemple la rue Sainte-Catherine Ouest. « C’est un projet qui a une dimension sociale, qui a permis de réduire à une seule voie la circulation routière, d’élargir les trottoirs et de laisser plus de place aux commerçants et aux piétons. », souligne l’entrepreneur qui pense qu’on peut aller encore plus loin, sur le plan du verdissement notamment.
Les nombreuses ruelles de la ville, si caractéristiques de l’urbanisme et de certains quartiers montréalais, sont un autre exemple de milieux de vie qui ont un grand potentiel d’amélioration, estime Pierre Dagenais. Pour lui, le développement de nombreuses ruelles vertes ces dernières années est un début, cela a permis de modifier pour le mieux ces espaces, de contribuer à réduire les îlots de chaleur. Mais il souhaite qu’on y fasse plus.
« La ruelle, c’est important à Montréal. Les enfants y jouent et c’est un lieu de rencontre et de voisinage. Le développement de ruelles vertes est pris en charge par les résidents, ils font généralement de leur mieux, mais ils ont besoin qu’on leur donne plus de moyens pour le faire. »
Il y a près de 40 ans, lorsque Pierre Dagenais a lancé son entreprise Aménagement côté jardin, le concept de villes et de communautés durables était loin d’être connu. Or, l’entrepreneur continue encore aujourd’hui à vouloir arrimer le développement au respect de la nature.