Responsabilité sociale des entreprises : où en sont les PME québécoises?
Montréal, le 21 octobre 2021. Changements climatiques, santé mentale, diversité, inclusion… Plus que jamais, les PME québécoises sont interpellées de toutes parts et doivent répondre de leurs actes. Non seulement les entreprises sont appelées à agir pour faire face à un nombre grandissant d’enjeux tant sociaux qu’environnementaux, mais elles ne savent souvent pas trop de quoi il en retourne exactement, ni par où commencer. C’est d’ailleurs ce que révèle un sondage initié par l’Institut du Québec, Credo et le pôle IDEOS de HEC Montréal, lequel visait à faire le point sur la perception qu’ont les PME québécoises de la responsabilité sociale des entreprises (RSE). Ce sondage a été réalisé grâce au soutien financier de Fondaction et Boralex et s’inscrit dans le cadre d’une étude plus large à paraître.
Des responsabilités à prendre
« Tout d’abord, le sondage révèle que la très grande majorité des PME québécoises sont conscientes de la responsabilité sociale qu’elles doivent exercer, précise d’entrée de jeu Emna Braham, directrice adjointe de l’Institut du Québec. Non seulement la plupart d’entre elles (88 %) sont préoccupées par leur impact social et environnemental, mais elles croient qu’elles ont un rôle à jouer, en tant qu’entreprise, dans la résolution de ces enjeux (84 %) ». Malgré cette prise de conscience, la gestion de cette transition demeure un défi de taille à leurs yeux.
« Les attentes des clients, des employés et des investisseurs envers les entreprises évoluent rapidement. Si, par le passé, inclure les dimensions sociales et environnementales impliquait pour certains un sacrifice en matière de performance économique et financière; aujourd’hui, il est de plus en plus clair que c’est l’inverse », soutient Daniel Charron, vice-président, Engagement sociétal et affaires publiques chez Fondaction. « Les efforts en matière de RSE représentent une démarche complexe et graduelle pour les entreprises, qui requiert planification, temps et ressources humaines et financières. Mais au-delà des défis, ces efforts pour gérer les risques environnementaux, sociaux et financiers auxquels elles sont confrontées représentent des opportunités pour les entreprises et une façon de se démarquer de leurs concurrents en démontrant comment elles créent de la valeur partagée avec leurs parties prenantes », ajoute Julie Cusson, vice-présidente affaires publiques et corporatives chez Boralex.
Des perceptions trompeuses?
Côté perception, la majorité des PME interrogées jugent avoir une bonne (63 %), voire une excellente performance (12 %) en termes de responsabilité sociale. « Or, malgré une certaine amélioration des pratiques de RSE, force est de constater qu’il reste encore beaucoup à faire en termes de protection de l’environnement et d’inégalités sociales, soutient Christian Bélair, président et associé principal chez Credo. Bien que beaucoup d’entreprises souhaiteraient en faire plus, elles appréhendent de passer à l’action et n’arrivent pas à mesurer leur impact réel. En contrepartie, certaines PME québécoises y parviennent déjà et se démarquent par la profondeur de leur démarche en mettant la RSE au cœur de leur mission et de leurs actions. »
Gérer les priorités
Le sondage nous apprend aussi qu’au moment de prendre des décisions, les intérêts des actionnaires et la génération de profits demeurent la priorité des PME, par opposition aux intérêts des autres parties prenantes, au bien-être des gens et à la protection de l’environnement. En fait, seulement 59 % d’entre elles considèrent que ces deux volets doivent prendre autant d’importance l’un comme l’autre.
Dans les faits, bien que les PME sondées aimeraient aller plus loin dans leurs démarches de responsabilité sociale, elles n’arrivent pas à prioriser ce chantier. Ainsi, 30 % d’entre elles indiquent qu’elles ne peuvent y allouer davantage de ressources financières et humaines alors que 18 % doivent mobiliser leurs efforts vers d’autres priorités. « En somme, ce sondage nous apprend que bien que les PME québécoises semblent accorder de l’importance aux enjeux sociaux et environnementaux, elles ont encore de la difficulté à passer à l’action. D’où l’importance de renforcer l’écosystème de soutien aux PME afin que la responsabilité sociale devienne un levier stratégique pour leur développement », soutient le professeur Luciano Barin Cruz, directeur au Pôle IDEOS de HEC Montréal.
Plusieurs éléments pourraient motiver les PME québécoises à réaliser leurs ambitions en matière de RSE : un soutien financier (46 %), un plus grand degré d’adoption de ces pratiques par leurs concurrents (37 %), davantage de connaissances, d’expertise et d’accompagnement sur la question (36 %), une législation et des normes imposées par le gouvernement (34 %), et une meilleure intégration des objectifs RSE au cœur de leur entreprise (32 %).
Dans l’étude à paraître, l’IDQ, Credo et le Pôle IDEOS exploreront plus en détail ce qui freine les PME dans leurs démarches de responsabilité sociale et proposeront des pistes de solutions pour les aider à aller plus loin.
Les résultats du sondage en bref
Ce sondage a été mené par Léger auprès de 216 gestionnaires de PME québécoises comptant entre 25 à 249 employé.e.s.
- 88 % sont préoccupés par leur impact social et environnemental;
- 84 % pensent que les entreprises québécoises devraient jouer un rôle proactif dans la résolution des enjeux sociaux et environnementaux;
- 75 % jugent que leur entreprise a une bonne (63 %) ou une excellente (12 %) performance en termes de responsabilité sociale;
- La plupart voudraient en faire plus mais déplorent le manque de ressources humaines et financières et disent devoir mobiliser leurs efforts vers d’autres priorités;
- Les principaux leviers qui les aideraient dans leur démarche sont : un soutien financier, un plus grand degré d’adoption de ces pratiques par leurs concurrents, davantage de connaissances, d’expertise et d’accompagnement sur la question, une législation et des normes imposées par le gouvernement, et une meilleure intégration des objectifs RSE au cœur de leur entreprise.
Pour en savoir plus
Téléchargez le rapport : Responsabilité sociale des entreprises : Comment les PME québécoises se perçoivent-elles?
À propos des auteurs
Cette étude est le fruit d’une collaboration entre l’Institut du Québec, Credo, et le Pôle IDEOS de HEC Montréal.
L’Institut du Québec est un organisme à but non lucratif qui publie des recherches et des études sur les enjeux socioéconomiques contemporains du Québec. Il vise à fournir aux autorités publiques, au secteur privé et à la société civile les outils nécessaires pour prendre des décisions éclairées, et ainsi contribuer à bâtir une société plus dynamique et prospère.
www.institutduquebec.ca | @InstitutduQC
Credo est une firme-conseil en impact social qui a pour mission d’accélérer le changement social et environnemental. Credo aide les organisations à repenser, propulser, mesurer et communiquer leur impact social de manière stratégique et durable.
www.credoimpact.com | @CredoImpact
IDEOS, Pôle gestion en impact social de HEC Montréal est un pôle de recherche et de transfert qui a pour mission de sensibiliser et soutenir la communauté de HEC Montréal, les organisations et les entrepreneurs ainsi que de diffuser les connaissances en mettant l’impact social au cœur de ses actions.