Découvrez 5 entreprises qui favorisent l’économie circulaire
Le 2 août sera cette année la date à partir de laquelle l’humanité aura consommé toutes les ressources que la planète est en mesure de produire en un an, selon l’ONG Footprint Network. La comparaison de l’empreinte écologique du monde entier et de la surface disponible pour produire les ressources et absorber les déchets révèle que le chiffre global est de 1,7, ce qui signifie en termes de besoins de l’humanité, qu’il faudrait environ deux planètes pour répondre durablement aux besoins des populations.
Parallèlement, la circularité de l’économie mondiale se dégrade. Par chance, des entreprises d’ici s’activent pour inverser cette tendance. Portraits de cinq entreprises financées par le Fonds économie circulaire et Fondaction.
Des données alarmantes et un objectif ambitieux
L’édition 2023 du rapport sur l’indice de circularité global (Circularity Gap Report) révèle que la situation de l’économie mondiale s’est encore détériorée sur le plan de la circularité. Seulement 7,2 % des 100 milliards de tonnes de ressources naturelles vierges consommées chaque année seraient réintégrés dans l’économie après une première utilisation, selon ce rapport. Rappelons que la première mesure effectuée en 2018 indiquait déjà un taux très bas de 9,1 %.
L’étude estime qu’il faudrait, pour ramener l’activité humaine dans les limites planétaires, réduire d’un tiers l’extraction et la consommation mondiale de ressources.
Plus que jamais, il est essentiel d’appuyer les entreprises qui mettent en œuvre des solutions favorisant l’économie circulaire. En voici 5 soutenues par Fondaction et le Fonds économie circulaire.
Le Fonds économie circulaire fête ses 2 ans
Lancé en mars 2021 par Fondaction et ses deux premiers partenaires, RECYC-QUÉBEC et la Ville de Montréal, le Fonds économie circulaire (FEC) vise l’accélération de la transition écologique et la réduction des émissions de GES.
Le FEC offre du financement à des entreprises en phase de démarrage qui ont un modèle d’affaires basé sur des produits, des services ou des technologies ancrés dans l’économie circulaire. Elles doivent démontrer un fort potentiel d’optimisation de l’utilisation des ressources ou de leur valorisation, engendrant ainsi la réduction ou la valorisation des matières résiduelles en plus de contribuer à une réduction des émissions de GES.
En 2022, la Fondation de l’Université Concordia et le Fonds Climat du Grand Montréal se sont joints à l’initiative, rapprochant le FEC de son objectif de disposer d’une capitalisation de 30 M$. Depuis novembre dernier, le FEC fait partie des 5 fonds gérés par Fondaction Gestion d’actifs (FGA), la plateforme de gestion de fonds innovants consacrés aux projets d’impact lancée par Fondaction dans le cadre de la COP27.
Still Good ou l’art de détourner le gaspillage alimentaire
Le premier investissement du FEC en 2021 a été réalisé dans la compagnie montréalaise Still Good, dont les pâtisseries sont fabriquées principalement à partir de drêche finement moulue issue des microbrasseries montréalaises, des résidus de céréales nutritifs qui autrement auraient été jetés, et de pulpe de fruits. Ce financement a permis à la jeune pousse d’emménager dans de nouveaux espaces d’une superficie de 7 800 pi2 et d’acheter les équipements pour augmenter sa capacité de production.
Rappelons que 8 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre proviennent des déchets alimentaires. Cela signifie que si le gaspillage alimentaire était un pays, il serait le troisième plus grand émetteur de CO2, ça fait réfléchir…
Une approche biologique et un créneau d’excellence avec la Ferme Tournevent
Lorsqu’ils ont pris la relève de l’entreprise agricole en 2014, Audrey Bouchard et son conjoint Guillaume Dallaire ont décidé d’adopter un modèle d’intégration verticale. En plus d’être une exploitation de 580 hectares de terres cultivées de manière biologique, Ferme Tournevent est une entreprise de transformation alimentaire axée sur la production d’une gamme d’huiles biologiques de chanvre cru, de lin doré, de canola et de caméline.
L’approche circulaire de la PME permet de revaloriser le tourteau, ce résidu solide issu de la pression à froid des plantes ou des grains oléagineux.
ONYM, rendre les bioénergies et les bioproduits disponibles et abordables
Bientôt, l’usine-vitrine de production de bioénergies et de bioproduits implantée à Montréal-Est sera en fonction, notamment grâce au financement de Fondaction et du FEC. Cette usine, qui valorise des résidus de bois provenant des travaux d’entretien des arbres urbains ou récupérés à la suite d’événements climatiques, servira de vitrine technologique à l’attention de grands émetteurs de GES qui souhaitent réduire leurs émissions à l’aide du marché du carbone.
L’objectif de la technologie novatrice de Groupe Onym est de réduire les GES des grands émetteurs industriels au Québec, comme les raffineries, entreprises pétrochimiques, cimenteries et scieries, en substituant aux carburants fossiles des biocarburants produits à partir d’une biomasse urbaine ainsi détournée des sites d’enfouissement.
Carbicrete : produire un béton négatif en carbone, c’est possible
La création d’un nouveau béton sans ciment constitue une innovation dont le potentiel d’impact est majeur. Il s’agira des premiers blocs de béton négatifs en carbone rendus disponibles sur le marché nord-américain.
En remplaçant l’utilisation du ciment par l’incorporation de scories d’acier ou de sous-produits de l’industrie lourde, en captant du CO2 provenant de procédés industriels qu’on réinjecte comme agent de durcissement et qu’on séquestre dans le béton, CarbiCrete récupère deux extrants pour en faire des intrants et ainsi concevoir un béton préfabriqué qui présente un bilan négatif en carbone.
En se passant du ciment, le procédé de CarbiCrete permet d’éliminer 150 kg de CO2 pour chaque tonne de béton produite. On réduit également par cette approche l’utilisation de l’eau, la quantité de contaminants relâchés dans l’atmosphère pour la production des intrants ainsi que la quantité utile de matières premières.
Dispersa : offrir une alternative aux tensioactifs toxiques et polluants
L’histoire de Dispersa est indissociable de celle de sa fondatrice Nivatha Balendra. « En tant que survivante du cancer, c’est devenu pour moi une mission personnelle de voir comment nous pouvons rendre les produits vraiment écologiques, sûrs et non toxiques plus accessibles et plus courants, dit-elle. »
En 2018, elle a créé Dispersa, une entreprise de technologie propre qui exploite le pouvoir des microbes pour convertir les déchets alimentaires en ingrédients chimiques. Son objectif ? Réduire notre dépendance à l’égard des tensioactifs dérivés des combustibles fossiles et de l’huile de palme, qu’on retrouve dans la formulation de toutes sortes de produits du quotidien.
L’entreprise lavalloise a ainsi créé les premiers « biotensioactifs » ou bio surfactants dérivés de déchets au monde, une approche circulaire qui évite l’utilisation de matières premières et réutilise les déchets alimentaires.