S’attaquer au gaspillage alimentaire, ça profite à tout le monde !
À l’heure où les prix des aliments sont en forte hausse et les changements climatiques s’accélèrent et s’intensifient, la question du gaspillage alimentaire apparaît de plus en plus cruciale. Pour lutter efficacement contre ce phénomène, il importe d’abord d’en saisir toute l’étendue afin de mieux déterminer les solutions qui s’offrent à nous, qu’il s’agisse de petits gestes à adopter en tant que consommateurs ou d’exemples à suivre venant d’entrepreneurs innovants.
Une problématique d’ampleur insoupçonnée
L’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) l’a reconnu comme un fléau à combattre d’urgence : d’année en année, le gaspillage alimentaire occasionne des pertes de denrées qui ne cessent d’augmenter.
Dans le plus récent rapport de Recyc-Québec, la Société québécoise de récupération et de recyclage, on apprend qu’au Canada, quelque 11,2 millions de tonnes d’aliments comestibles sont gaspillées chaque année, dont 2,2 millions sont le fait des seuls ménages canadiens. Au Québec, on estime cette part de gaspillage à 1,2 million de tonnes.
Un gaspillage qui impacte l’environnement et l’être humain
S’il est vrai que la facture du gaspillage alimentaire est salée, la dimension économique n’est pas la seule touchée par ce phénomène. Sur le plan environnemental, les impacts négatifs de la mauvaise allocation des ressources agricoles sont colossaux : près de 30 % des terres agricoles mondiales sont occupées par de la nourriture produite, mais non consommée. La production de cette nourriture perdue ou jetée mobilise le quart des ressources mondiales d’eau utilisée à des fins agricoles chaque année, ce qui fragilise d’autant la biodiversité.
Il y a aussi l’enjeu des émissions de gaz à effet de serre (GES) causées en partie par l’enfouissement des matières résiduelles. Si le gaspillage alimentaire était un pays, il serait le 3e plus gros producteur de GES, après la Chine et les États-Unis. Au Québec, cela représente quelque 3,6 millions de tonnes de GES émises annuellement.
Enfin, le gaspillage alimentaire a un impact négatif sur de nombreuses personnes et communautés. Comment lutter efficacement contre l’insécurité alimentaire lorsque des tonnes de denrées sont perdues et gaspillées chaque année ? En réduisant le gaspillage alimentaire, on récupère une capacité de production qui pourrait servir à mieux répondre aux besoins d’une population mondiale en croissance.
Des solutions émergent à plusieurs niveaux
Le gaspillage alimentaire peut se produire à différents stades du système bioalimentaire, une chaîne d’acteurs parmi lesquels on retrouve les ménages, les producteurs ou encore les épiceries. Jeter dans son bac brun de la nourriture qui aurait pu être consommée ; laisser des aliments imparfaits dans les champs ; commander de gros stocks d’aliments pour avoir une impression d’abondance sur les étals, sont autant d’exemples de pertes alimentaires évitables. Le gaspillage alimentaire est donc l’affaire de tous !
À mettre en pratique à la maison
En planifiant mieux la confection de nos repas, on peut faire une grande différence. Faire des menus, c’est simple et efficace ! Cela permet d’acheter uniquement les aliments dont on a vraiment besoin selon la quantité requise. On gagne ainsi du temps au moment de faire les repas sans dépenser plus !
Voici d’autres astuces faciles à mettre en place :
- Travaillez ou cuisinez vos fruits et légumes trop mûrs pour en faire des smoothies, soupes, tartes ou compotes.
- Vous avez mal évalué la quantité de nourriture qu’il vous faut ? Partagez-la avec votre famille ou vos voisins ou congelez-la. Une alternative possible : en faire don à des organismes comme la Cuisine Collective Hochelaga-Maisonneuve (CCHM), très présente dans un quartier identifié comme un désert alimentaire.
Alors qu’à ce temps-ci de l’année les marchés publics regorgent de fruits et de légumes locaux, c’est aussi le bon moment pour en apprendre plus sur les techniques de conversation telles que le cannage, la congélation et la déshydratation. C’est ce que propose notre partenaire Le Jour De La Terre dans le cadre de La virée bocal qui se tiendra du 3 août au 9 octobre 2022 partout au Québec.
Des stratégies circulaires inspirantes
Il existe des solutions complémentaires permettant de réduire grandement les émissions de GES et de faire une meilleure utilisation des ressources. Nous pensons notamment à la gestion des matières résiduelles (GMR) et la hiérarchie des 3 R (réduction, réemploi et recyclage) qui sont des concepts régulièrement mis en pratique et qui ont fait leurs preuves.
Prenons l’exemple du Fonds économie circulaire lancé en mars 2021 par Fondaction et ses partenaires RECYC-QUÉBEC et la Ville de Montréal, et qui vise à encourager l’innovation et les nouvelles solutions de circularité entre de jeunes entreprises. Son premier investissement en 2021 a été réalisé dans la compagnie montréalaise Still Good dont les produits alimentaires sont fabriqués à partir de drêche finement moulue issue des microbrasseries montréalaises. Un exemple de réutilisation de ces résidus de céréales nutritifs, qui autrement auraient été jetés.
Parmi les entreprises qui ont adopté de bonnes pratiques fondées sur les principes de circularité, on compte également GoGo Quinoa. La société lavalloise, avec laquelle Fondaction a noué un partenariat financier, contribue à la lutte contre le gaspillage alimentaire en appliquant un protocole rigoureux de revalorisation de ses produits, y compris des matières résiduelles lorsque cela est possible. Elle est aussi partenaire de quatre banques alimentaires dans la région de Montréal, ce qui lui permet par exemple de faire don de produits dont l’emballage est légèrement endommagé et qui ne répondent pas aux normes esthétiques pour la vente.
Vous voulez en savoir plus ? Consultez la page Prévenir le gaspillage alimentaire publiée sur le site de Recyc-Québec.