5 questions sur les placements responsables
De plus en plus d’investisseurs ont compris que durabilité rime avec performance. L’actif investi dans des produits financiers dits responsables est en croissance. La taille des actifs intégrant les facteurs ESG a atteint 44 000 G$ en 2020 et pourrait atteindre, selon Bloomberg, 51 000 G$ en 2022 et 64 000 G$ en 2025, soit un tiers des actifs totaux sous gestion mondiaux.
Précurseur en finance durable, Fondaction innove constamment pour favoriser la durabilité de ses placements sur les marchés financiers. En février 2016, il y a 6 ans déjà, Fondation abandonnait les énergies fossiles pour adopter l’indice MSCI ex-énergie fossile. En 2017, à la demande de Fondaction, a été créé l’indice MSCI ex-énergie fossile et ex-charbon pour soutenir un développement économique encore plus vert.
Cet indice novateur joue un rôle structurant dans le monde de la finance. Il est à la disposition de tous les investisseurs qui souhaitent exclure de leurs portefeuilles les titres d’entreprises détenant des réserves d’énergie fossile et les producteurs d’électricité à partir du charbon.
La mise en place de cet indice a permis à Fondaction de maintenir ses rendements sur les marchés financiers au bénéfice de ses actionnaires tout en réduisant les risques face aux changements climatiques.
Luc Verville, chef des placements à Fondaction depuis 2008, a peaufiné au fil des années une stratégie distinctive et innovante. Il est responsable de la portion des fonds investis dans les grands marchés. Il voit au respect de la politique de placement et il s’assure que les gestionnaires externes avec lesquels Fondaction fait équipe déploient des stratégies durables bien affutées intégrant les idées avant-gardistes en matière de durabilité de Fondaction. Tous les gestionnaires de placements avec lesquels Fondaction travaille sont signataires des Principles pour l’investissement responsable (PRI). Parmi eux, Desjardins Gestion internationale d’actifs, Baillie Gifford et Montrusco Bolton nous en disent plus sur leur approche.
1. À quoi bon une stratégie d’investissement responsable ?
« L’investissement responsable va main dans la main avec l’investissement à long terme », dit d’emblée Jonny Greenhill, gestionnaire du service à la clientèle chez Baillie Gifford. Le gestionnaire de fonds, établi à Édimbourg, en Écosse, depuis 1908. « Nous pensons en décennies et non en trimestres. Il nous semble évident que la culture et le comportement des entreprises dans lesquelles nous investissons jouent un rôle fondamental dans la croissance et la réussite collective. »
Le potentiel de rendement à long terme guide aussi le gestionnaire québécois Montrusco Bolton. « Les entreprises qui mettent en œuvre de solides pratiques de gouvernance et gèrent efficacement l’impact environnemental et social de leurs activités commerciales sont plus susceptibles de générer des rendements à long terme supérieurs pour les investisseurs et de contribuer positivement à la société. », indique Jason Szczepkowski, vice-président et chef du service à la clientèle.
À ces raisons s’ajoute tout simplement la demande du marché. « Les stratégies d’investissement responsable ont été mises sur pied pour répondre aux besoins de nos clients, pour limiter l’exposition aux risques et à la volatilité et enfin pour soutenir les entreprises dont les actions ne sont pas nuisibles à l’environnement et nos sociétés », explique Nelson Cabral, gestionnaire de portefeuille de Desjardins Gestion internationale d’actifs (DGIA), à Montréal.
2. Les critères ESG, un minimum ou une fin en soi ?
Pour Fondaction comme pour ses partenaires gestionnaires, les critères ESG (environnement, société, gouvernance) sont un minimum, un point de départ. Cela fait aussi l’objet d’une grande vigilance. La qualité de l’information ou parfois même l’absence de divulgation peut compliquer les décisions d’investir ou non dans un titre.
« Il nous apparait opportun de conjuguer l’utilisation des critères ESG à une politique de vote rigoureuse et à un dialogue constructif avec les entreprises en portefeuille », souligne-t-on du côté de DGIA, où les critères ESG sont également un filtre pour faire ressortir les leaders dans un secteur d’activité.
3. Désinvestir ou transformer ?
Montrusco Bolton observe une évolution des attentes et des exigences des clients pour des produits responsables et a choisi de s’y adapter. « Aujourd’hui, nous choisissons de réduire les risques grâce à l’analyse et au suivi ESG, notamment par l’exclusion d’entreprises non éthiques et par le ciblage d’entreprises durables et de grande qualité en utilisant notre propre système de notation, incluant les objectifs de développement durable (ODD) des Nations Unies », explique Jason Szczepkowski, vice-président, chef du service à la clientèle.
Le gestionnaire utilise un système de notation des critères ESG pour exclure des entreprises sur la base de leur score de durabilité. Il se base ensuite sur les objectifs de développement durable (ODD) des Nations Unies pour dénicher de bonnes idées dans l’univers restant pour maximiser le bénéfice de diversification.
Les exclusions les plus fréquentes chez les investisseurs responsables concernent les combustibles fossiles, le divertissement pour adultes, les jeux de hasard, l’exploitation minière, l’énergie nucléaire, le tabac, l’alcool et l’armement. (Pour connaitre les exclusions à Fondaction, consultez notre Rapport de développement durable à la page 64)
De son côté, DGIA utilise un nombre limité d’exclusions et préfère sélectionner les meilleures entreprises dans chaque secteur afin que son portefeuille soit plus représentatif du marché et de tenir compte des spécificités de chaque secteur lors de l’application de sa stratégie d’investissement responsable.
Baillie Gifford, lui, a lancé en 2017 une stratégie appelée « Positive Change » qui identifie, surveille et mesure les impacts positifs et négatifs de chaque entreprise dans le portefeuille ainsi que ceux du portefeuille dans sa globalité. Axée sur l’inclusion sociale et l’éducation, les besoins en matière d’environnement et de ressources, la santé et la qualité de vie, ainsi que ce qu’il appelle la base de la pyramide, c’est-à-dire les 4 milliards de personnes vivant dans la pauvreté. Il investit particulièrement dans les secteurs de la santé, des technologies informatiques, et de la consommation.
4. Actions ou obligations ?
Les deux mon capitaine, tout dépend du cap !
« Tant les actions que les obligations doivent faire l’objet d’une analyse encadrée par des principes d’investissement responsable crédibles et basée sur une méthodologie éprouvée et cohérente avec le style du gestionnaire », précise Christian Felx, directeur et chef Investissement responsable, de DGIA.
Les actions ESG permettent davantage à leurs détenteurs d’influencer les dirigeants grâce à leurs droits de vote. Ils peuvent même déposer des propositions d’actionnaires et engager des dialogues actifs avec les dirigeants afin de soumettre leurs préoccupations ESG et leurs attentes à cet effet.
Les obligations vertes ou d’entreprise ESG permettront quant à elles aux investisseurs de miser sur un impact qui semble plus direct, puisque ses actifs serviront à financer la dette des émetteurs.
De son côté, dans le cadre de sa stratégie « Positive Change », Baillie Gifford n’investit que dans des actions pour les possibilités de croissance élevée, mais note toutefois que « les obligations jouent aussi un rôle important afin de soutenir la croissance et les impacts positifs des entreprises ».
5. Pour quelles retombées sociales et environnementales ?
Obtenir des preuves et des données comparables sur les réels impacts de tel ou tel placement sur les marchés financiers est un réel défi. Sans compter le risque d’écoblanchiment.
Un moyen de s’en prémunir est assurément la relation établie avec les sociétés et le dialogue actionnarial.
L’exercice du droit de vote et les initiatives collaboratives peuvent avoir des impacts directs sur l’adoption de pratiques de développement durable par les entreprises cotées à la Bourse. « L’engagement concerté des actionnaires pour accroître la représentation des femmes dans les conseils d’administration, réduire l’écart de rémunération des chefs de la direction et atteindre de nombreux autres objectifs liés à la responsabilité des entreprises semble commencer à porter fruit », observe-t-on à DGIA.
Chez Placements Montrusco Bolton inc., des stratégies d’engagement actif sont aussi déployées pour discuter d’enjeux ESG avec les équipes de direction des entreprises détenues en portefeuille ou dans l’univers « investissable ». On sensibilise ces sociétés, on partage les meilleures pratiques et on soutient la création d’objectifs mesurables alignés avec leurs valeurs.
Dans le cadre de sa stratégie « Positive Change », Baillie Gifford produit quant à lui des analyses d’impact régulières de chaque titre de son portefeuille, recensant l’intention de l’entreprise, l’impact de ses produits et services et, aussi, de ses pratiques commerciales tel que son comportement envers les employés, la société, la planète et les actionnaires.
Pour en savoir plus sur la collaboration entre Fondaction et ses gestionnaires de fonds partenaires, ainsi que sur la stratégie d’investissement de Fondaction sur les marchés financiers, consultez la section Investissement et placement du Rapport de développement durable de Fondaction des pages 60 à 77.